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L’ASSOMMOIR.

— À nous deux, mon cadet ! Faut que je te nettoie à la fin ! Ah ! tu viens tout de go, avec cette drogue au bras, pour te ficher de moi en public. Eh bien ! je vas t’estrangouiller, oui, oui, moi ! et sans mettre des gants encore !… Ne fais pas le fendant… Empoche ça. Et atout ! atout ! atout !

Il lançait ses poings dans le vide. Alors, une fureur s’empara de lui. Ayant rencontré le mur en reculant, il crut qu’on l’attaquait par derrière. Il se retourna, s’acharna sur la tenture. Il bondissait, sautait d’un coin à un autre, tapait du ventre, des fesses, d’une épaule, roulait, se relevait. Ses os mollissaient, ses chairs avaient un bruit d’étoupes mouillées. Et il accompagnait ce joli jeu de menaces atroces, de cris gutturaux et sauvages. Cependant, la bataille devait mal tourner pour lui, car sa respiration devenait courte, ses yeux sortaient de leurs orbites ; et il semblait peu à peu pris d’une lâcheté d’enfant.

— À l’assassin ! à l’assassin !… Foutez le camp, tous les deux. Oh ! les salauds, ils rigolent. La voilà les quatre fers en l’air, cette garce !… Il faut qu’elle y passe, c’est décidé… Ah ! le brigand, il la massacre ! Il lui coupe une quille avec son couteau. L’autre quille est par terre, le ventre est en deux, c’est plein de sang… Oh ! mon Dieu, oh ! mon Dieu, oh ! mon Dieu…

Et, baigné de sueur, les cheveux dressés sur le front, effrayant, il s’en alla à reculons, en agitant violemment les bras, comme pour repousser l’abominable scène. Il jeta deux plaintes déchirantes, il s’étala à la renverse sur le matelas, dans lequel ses talons s’étaient empêtrés.

— Monsieur, monsieur, il est mort ! dit Gervaise, les mains jointes.