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L’ASSOMOIR.

tabatière de la maîtresse, trouvait des inventions moins propres encore, qu’on ne pouvait pas raconter. Deux fois, mademoiselle Josse la mit à la porte, puis la reprit, pour ne pas perdre les six francs, chaque mois. Dès la sortie de la classe, Nana se vengeait d’avoir été enfermée, en faisant une vie d’enfer sous le porche et dans la cour, où les repasseuses, les oreilles cassées, lui disaient d’aller jouer. Elle retrouvait là Pauline, la fille des Boche, et le fils de l’ancienne patronne de Gervaise, Victor, un grand dadais de dix ans, qui adorait galopiner en compagnie des toutes petites filles. Madame Fauconnier, qui ne s’était pas fâchée avec les Coupeau, envoyait elle-même son fils. D’ailleurs, dans la maison, il y avait un pullulement extraordinaire de mioches, des volées d’enfants qui dégringolaient les quatre escaliers à toutes les heures du jour, et s’abattaient sur le pavé, comme des bandes de moineaux criards et pillards. Madame Gaudron, à elle seule, en lâchait neuf, des blonds, des bruns, mal peignés, mal mouchés, avec des culottes jusqu’aux yeux, des bas tombés sur les souliers, des vestes fendues, montrant leur peau blanche sous la crasse. Une autre femme, une porteuse de pain, au cinquième, en lâchait sept. Il en sortait des tapées de toutes les chambres. Et, dans ce grouillement de vermines aux museaux roses, débarbouillés chaque fois qu’il pleuvait, on en voyait de grands, l’air ficelle, de gros, ventrus déjà comme des hommes, de petits, petits, échappés du berceau, mal d’aplomb encore, tout bêtes, marchant à quatre pattes quand ils voulaient courir. Nana régnait sur ce tas de crapauds ; elle faisait sa mademoiselle jordonne avec des filles deux fois plus grandes qu’elle, et daignait seulement abandonner un peu de son pouvoir à Pauline et à Victor,