Page:Zola - Germinal.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI


Dans la cage qui le remontait, tassé avec quatre autres, Étienne résolut de reprendre sa course affamée, le long des routes. Autant valait-il crever tout de suite que de redescendre au fond de cet enfer, pour n’y pas même gagner son pain. Catherine, enfournée au-dessus de lui, n’était plus là, contre son flanc, d’une bonne chaleur engourdissante. Et il aimait mieux ne pas songer à des bêtises, et s’éloigner ; car, avec son instruction plus large, il ne se sentait point la résignation de ce troupeau, il finirait par étrangler quelque chef.

Brusquement, il fut aveuglé. La remonte venait d’être si rapide, qu’il restait ahuri du grand jour, les paupières battantes dans cette clarté dont il s’était déshabitué déjà. Ce n’en fut pas moins un soulagement pour lui, de sentir la cage retomber sur les verrous. Un moulineur ouvrait la porte, le flot des ouvriers sautait des berlines.

— Dis donc, Mouquet, murmura Zacharie à l’oreille du moulineur, filons-nous au Volcan, ce soir ?

Le Volcan était un café-concert de Montsou. Mouquet cligna l’œil gauche, avec un rire silencieux qui lui fendait les mâchoires. Petit et gros comme son père, il avait le nez effronté d’un gaillard qui mangeait tout,