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GERMINAL.

boisage à part ! encore une façon de nous payer moins !… Nom de Dieu de nom de Dieu !

Il cherchait quelqu’un sur qui tomber, lorsqu’il aperçut Catherine et Étienne, les bras ballants.

— Voulez-vous bien me donner des bois ! Est-ce que ça vous regarde ?… Je vas vous allonger mon pied quelque part.

Étienne alla se charger, sans rancune de cette rudesse, si furieux lui-même contre les chefs, qu’il trouvait les mineurs trop bons enfants.

Du reste, Levaque et Chaval s’étaient soulagés en gros mots. Tous, même Zacharie, boisaient rageusement. Pendant près d’une demi-heure, on n’entendit que le craquement des bois, calés à coups de masse. Ils n’ouvraient plus la bouche, ils soufflaient, s’exaspéraient contre la roche, qu’ils auraient bousculée et remontée d’un renfoncement d’épaules, s’ils l’avaient pu.

— En voilà assez ! dit enfin Maheu, brisé de colère et de fatigue. Une heure et demie… Ah ! une propre journée, nous n’aurons pas cinquante sous !… Je m’en vais, ça me dégoûte.

Bien qu’il y eût encore une demi-heure de travail, il se rhabilla. Les autres l’imitèrent. La vue seule de la taille les jetait hors d’eux. Comme la herscheuse s’était remise au roulage, ils l’appelèrent en s’irritant de son zèle : si le charbon avait des pieds, il sortirait tout seul. Et les six, leurs outils sous le bras, partirent, ayant à refaire les deux kilomètres, retournant au puits par la route du matin.

Dans la cheminée, Catherine et Étienne s’attardèrent, tandis que les haveurs glissaient jusqu’en bas. C’était une rencontre, la petite Lydie, arrêtée au milieu d’une voie pour les laisser passer, et qui leur racontait une disparition de la Mouquette, prise d’un tel saignement de nez, que depuis une heure elle était allée se tremper