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GERMINAL.

Lorsque Étienne l’aperçut, lamentable dans ses vêtements d’homme, la gorge et le ventre comme enflés encore de l’humidité des tailles, il bégaya de saisissement, il ne trouvait pas les phrases pour expliquer qu’il partait et qu’il avait désiré lui faire ses adieux.

Elle le regardait sans l’écouter, elle dit enfin, en le tutoyant :

— Hein ? ça t’étonne de me voir… C’est bien vrai que je menaçais d’étrangler le premier des miens qui redescendrait ; et voilà que je redescends, je devrais m’étrangler moi-même, n’est-ce pas ?… Ah ! va, ce serait déjà fait, s’il n’y avait pas le vieux et les petits à la maison !

Et elle continua, de sa voix basse et fatiguée. Elle ne s’excusait pas, elle racontait simplement les choses, qu’ils avaient failli crever, et qu’elle s’était décidée, pour qu’on ne les renvoyât pas du coron.

— Comment se porte le vieux ? demanda Étienne.

— Il est toujours bien doux et bien propre. Mais la caboche s’en est allée complètement… On ne l’a pas condamné pour son affaire, tu sais ? Il était question de le mettre chez les fous, je n’ai pas voulu, on lui aurait fichu son paquet dans un bouillon… Son histoire nous a causé tout de même beaucoup de tort, car il n’aura jamais sa pension, un de ces messieurs m’a dit que ce serait immoral, si on lui en donnait une.

— Jeanlin travaille ?

— Oui, ces messieurs lui ont trouvé de la besogne, au jour. Il gagne vingt sous… Oh ! je ne me plains pas, les chefs se sont montrés très bons, comme ils me l’ont expliqué eux-mêmes… Les vingt sous du gamin, et mes trente sous à moi, ça fait cinquante sous. Si nous n’étions pas six, on aurait de quoi manger. Estelle dévore maintenant, et le pis, c’est qu’il faudra attendre quatre ou cinq ans, avant que Lénore et Henri soient en âge de venir à la fosse.