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LES ROUGON-MACQUART.

et les deux camarades, partis avec lui, étaient même restés en chemin, la tête fendue. Lui, blessé au coude, avait eu le courage de retourner sur les genoux prendre leurs lampes et les fouiller, pour voler leurs tartines. Comme il s’échappait, un dernier effondrement, derrière son dos, avait bouché la galerie.

Tout de suite, il se jura de ne point partager ses provisions avec ces gens qui sortaient de terre. Il les aurait assommés. Puis, il les reconnut à son tour, et sa colère tomba, il se mit à rire de joie mauvaise.

— Ah ! c’est toi, Catherine ! Tu t’es cassé le nez, et tu as voulu rejoindre ton homme. Bon ! bon ! nous allons la danser ensemble.

Il affectait de ne pas voir Étienne. Ce dernier, bouleversé de la rencontre, avait eu un geste pour protéger la herscheuse, qui se serrait contre lui. Pourtant, il fallait bien accepter la situation. Il demanda simplement au camarade, comme s’ils s’étaient quittés bons amis, une heure plus tôt :

— As-tu regardé au fond ? On ne peut donc passer par les tailles ?

Chaval ricanait toujours.

— Ah ! ouiche ! par les tailles ! Elles se sont éboulées aussi, nous sommes entre deux murs, une vraie souricière… Mais tu peux t’en retourner par le plan, si tu es un bon plongeur.

En effet, l’eau montait, on l’entendait clapoter. La retraite se trouvait coupée déjà. Et il avait raison, c’était une souricière, un bout de galerie que des affaissements considérables obstruaient en arrière et en avant. Pas une issue, tous trois étaient murés.

— Alors, tu restes ? ajouta Chaval goguenard. Va, c’est ce que tu feras de mieux, et si tu me fiches la paix, moi je ne te parlerai seulement pas. Il y a encore ici de la place pour deux hommes… Nous verrons bientôt lequel