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LES ROUGON-MACQUART.

découvrait l’effrayant gâchis du fond. Sous l’azur tendre de la belle journée, c’était un cloaque, les ruines d’une ville abîmée et fondue dans de la boue.

— Et l’on se dérange pour voir ça ! s’écria M. Grégoire, désillusionné.

Cécile, toute rose de santé, heureuse de respirer l’air si pur, s’égayait, plaisantait, tandis que madame Hennebeau faisait une moue de répugnance, en murmurant :

— Le fait est que ça n’a rien de joli.

Les deux ingénieurs se mirent à rire. Ils tâchèrent d’intéresser les visiteurs, en les promenant partout, en leur expliquant le jeu des pompes et la manœuvre du pilon qui enfonçait les pieux. Mais ces dames devenaient inquiètes. Elles frissonnèrent, lorsqu’elles surent que les pompes fonctionneraient des années, six, sept ans peut-être, avant que le puits fût reconstruit et que l’on eût épuisé toute l’eau de la fosse. Non, elles aimaient mieux penser à autre chose, ces bouleversements-là n’étaient bons qu’à donner de vilains rêves.

— Partons, dit madame Hennebeau, en se dirigeant vers sa voiture.

Jeanne et Lucie se récrièrent. Comment, si vite ! Et le dessin qui n’était pas fini ! Elles voulurent rester, leur père les amènerait au dîner, le soir. M. Hennebeau prit seul place avec sa femme dans la calèche, car lui aussi désirait questionner Négrel.

— Eh bien ! allez en avant, dit M. Grégoire. Nous vous suivons, nous avons une petite visite de cinq minutes à faire, là, dans le coron… Allez, allez, nous serons à Réquillart en même temps que vous.

Il remonta derrière madame Grégoire et Cécile ; et, tandis que l’autre voiture filait le long du canal, la leur gravit doucement la pente.

C’était une pensée charitable, qui devait compléter l’excursion. La mort de Zacharie les avait emplis de pitié