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LES ROUGON-MACQUART.

y avait, dans ce baiser, une prise de possession, une sorte de décision jalouse.

Cependant, la jeune fille s’était révoltée.

— Laisse-moi, entends-tu !

Il lui maintenait la tête, il la regardait au fond des yeux. Ses moustaches et sa barbiche rouges flambaient dans son visage noir, au grand nez en bec d’aigle. Et il la lâcha enfin, et il s’en alla, sans dire un mot.

Un frisson avait glacé Étienne. C’était stupide d’avoir attendu. Certes, non, à présent, il ne l’embrasserait pas, car elle croirait peut-être qu’il voulait faire comme l’autre. Dans sa vanité blessée, il éprouvait un véritable désespoir.

— Pourquoi as-tu menti ? dit-il à voix basse. C’est ton amoureux.

— Mais non, je te jure ! cria-t-elle. Il n’y a pas ça entre nous. Des fois, il veut rire… Même qu’il n’est pas d’ici, voilà six mois qu’il est arrivé du Pas-de-Calais.

Tous deux s’étaient levés, on allait se remettre au travail. Quand elle le vit si froid, elle parut chagrine. Sans doute, elle le trouvait plus joli que l’autre, elle l’aurait préféré peut-être. L’idée d’une amabilité, d’une consolation la tracassait ; et, comme le jeune homme, étonné, examinait sa lampe qui brûlait bleue, avec une large collerette pâle, elle tenta au moins de le distraire.

— Viens, que je te montre quelque chose, murmura-t-elle d’un air de bonne amitié.

Lorsqu’elle l’eut mené au fond de la taille, elle lui fit remarquer une crevasse, dans la houille. Un léger bouillonnement s’en échappait, un petit bruit, pareil à un sifflement d’oiseau.

— Mets ta main, tu sens le vent… C’est du grisou.

Il resta surpris. Ce n’était que ça, cette terrible chose qui faisait tout sauter ? Elle riait, elle disait qu’il y en