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LES ROUGON-MACQUART.

s’enfonçaient vers le nord, elles se rapprochaient du Tartaret, elles pénétraient dans l’incendie intérieur, qui, là-haut, calcinait les roches. Les tailles, au point où l’on en était arrivé, avaient une température moyenne de quarante-cinq degrés. On s’y trouvait en pleine cité maudite, au milieu des flammes que les passants de la plaine voyaient par les fissures, crachant du soufre et des vapeurs abominables.

Catherine, qui avait déjà enlevé sa veste, hésita, puis ôta également sa culotte ; et, les bras nus, les cuisses nues, la chemise serrée aux hanches par une corde, comme une blouse, elle se remit à rouler.

— Tout de même, ça ira mieux, dit-elle à voix haute.

Dans son étouffement, il y avait une vague peur. Depuis cinq jours qu’ils travaillaient là, elle songeait aux contes dont on avait bercé son enfance, à ces herscheuses du temps jadis qui brûlaient sous le Tartaret, en punition de choses qu’on n’osait pas répéter. Sans doute, elle était trop grande maintenant pour croire de pareilles bêtises ; mais, pourtant, qu’aurait-elle fait, si brusquement elle avait vu sortir du mur une fille rouge comme un poêle, avec des yeux pareils à des tisons ? Cette idée redoublait ses sueurs.

Au relais, à quatre-vingts mètres de la taille, une autre herscheuse prenait la berline et la roulait à quatre-vingts mètres plus loin, jusqu’au pied du plan incliné, pour que le receveur l’expédiât avec celles qui descendaient des voies d’en haut.

— Fichtre ! tu te mets à ton aise, dit cette femme, une maigre veuve de trente ans, quand elle aperçut Catherine en chemise. Moi je ne peux pas, les galibots du plan m’embêtent avec leurs saletés.

— Ah ! bien ! répliqua la jeune fille, je m’en moque, des hommes ! je souffre trop.

Elle repartit, poussant une berline vide. Le pis était