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III


Étienne, descendu enfin du terri, venait d’entrer au Voreux ; et les hommes auxquels il s’adressait, demandant s’il y avait du travail, hochaient la tête, lui disaient tous d’attendre le maître-porion. On le laissait libre, au milieu des bâtiments mal éclairés, pleins de trous noirs, inquiétants avec la complication de leurs salles et de leurs étages. Après avoir monté un escalier obscur à moitié détruit, il s’était trouvé sur une passerelle branlante, puis avait traversé le hangar du criblage, plongé dans une nuit si profonde, qu’il marchait les mains en avant, pour ne pas se heurter. Devant lui, brusquement, deux yeux jaunes, énormes, trouèrent les ténèbres. Il était sous le beffroi, dans la salle de recette, à la bouche même du puits.

Un porion, le père Richomme, un gros à figure de bon gendarme, barrée de moustaches grises, se dirigeait justement vers le bureau du receveur.

— On n’a pas besoin d’un ouvrier ici, pour n’importe quel travail ? demanda de nouveau Étienne.

Richomme allait dire non ; mais il se reprit et répondit comme les autres, en s’éloignant :

— Attendez monsieur Dansaert, le maître-porion.