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France aura ouvert cette route, relié les provinces du nouvel empire, fondé cette autre France démesurée, près de laquelle l’antique patrie ne sera plus qu’un peu de cervelle pensante, le cerveau qui dirige.

« C’est là le rêve, cria-t-il, c’est l’œuvre gigantesque que réalisera demain. Notre Algérie reliée à Tombouctou par la voie du Sahara, des locomotives électriques qui emporteront toute la vieille Europe, au travers de l’infini des sables ! Tombouctou reliée au Sénégal, par les flottilles à vapeur du Niger, par d’autres voies ferrées qui sillonneront de partout le vaste empire ! la France nouvelle, immense, reliée à la France mère, l’antique patrie, par un prodigieux développement de côtes, fondée enfin, prête pour les cent millions d’habitants qui doivent y pousser un jour !.. Sans doute, ces choses ne se feront point du soir au lendemain. Le Transsaharien n’est pas construit, il y a là deux mille cinq cents kilomètres de désert nu, dont l’exploitation ne saurait tenter les compagnies ; et il faudra qu’une prospérité se déclare, qu’un commencement de culture, que des mines découvertes, que les exportations croissantes rendent possible l’effort d’argent de la métropole. Ensuite, il y a la question des peuplades de là-bas, faites de nègres doux pour la plupart, mais quelques-unes féroces, voleuses, d’une sauvagerie exaltée par le fanatisme religieux, aggravant la grande difficulté de notre conquête, ce terrible problème de l’Islam, contre lequel nous nous heurterons, tant qu’il ne sera pas résolu. Et la vie seule, de longues années de vie peuvent seules créer un peuple nouveau, l’adapter à la terre nouvelle, en fondre les divers éléments, lui donner son existence normale, sa force homogène, son génie… N’importe pourtant ! Dès aujourd’hui, une France est née au loin, un empire illimité, et elle a besoin de notre sang, et il faut lui en donner pour qu’elle se peuple, qu’elle tire du sol ses incalculables richesses, qu’elle