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grasse, le soleil ardent, la récolte sera toujours belle. Aussi, nous autres, quand nous employons la charrue, quand nous donnons quelques soins à cette terre gonflée de vie, quelles prodigieuses moissons, quelle abondance de grains dont craqueraient toutes vos granges ! Le jour où nous aurons les machines agricoles que je suis venu commander chez vous, il nous faudra des flottilles de bateaux pour vous expédier le trop-plein de nos greniers… Après la décrue du fleuve lorsque les eaux baissent, c’est le riz qui se cultive, des plaines de riz, qui parfois donnent deux récoltes. Puis, c’est le mil, ce sont les arachides, ce sera le blé, quand nous pourrons en faire la culture en grand. De vastes champs de coton se succèdent. Nous cultivons aussi le manioc et l’indigo, nous avons des potagers d’oignons, de piments, de courges, de concombres. Et je ne parle pas des productions naturelles, les arbres à gomme si précieux, dont nous avons toute une forêt, l’arbre à beurre, l’arbre à farine, l’arbre à soie, qui poussent sur nos terres comme les églantiers au bord de vos chemins… Enfin, nous sommes pasteurs, nous avons des troupeaux sans cesse renaissants, dont nous ne connaissons même pas le nombre de têtes. Nos chèvres, nos moutons à longue laine sont par milliers, nos chevaux galopent librement dans des parcs grands comme des villes, nos bœufs à bosse couvrent une lieue de berges, lorsqu’ils descendent boire au Niger, à l’heure de splendeur sereine où le soleil se couche… Et surtout nous sommes des hommes libres, des hommes gais, qui travaillons pour la joie de vivre sans entraves, avec cette récompense de nous dire que notre œuvre est très grande, très belle et très bonne, puisqu’elle est l’autre France, la France souveraine de demain. »

Alors, il ne s’arrêta plus. On n’avait plus besoin de l’interroger, il vidait son âme toute pleine de grandeur