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la pullulante lignée allait fêter la fécondité heureuse.

Et la fête fut réglée, s’organisa, dans un grand élan d’amour et d’allégresse. Tous se passionnèrent pour en être, tous accoururent au rendez-vous triomphal, depuis les vieillards en cheveux blancs jusqu’aux gamins qui suçaient encore leur pouce. Et le grand ciel bleu, le soleil de flamme eux-mêmes voulurent en être, ainsi que le domaine entiers, les sources ruisselantes, les champs en fleurs, en promesse de belles moissons. C’était magnifique, ce fer à cheval élargi, cette vaste table dressée au milieu des herbes avec son luxe de vaisselle et de linge éclatant, criblée, au travers des feuillages, d’une poussière d’astre. L’auguste ménage, le père et la mère, devaient s’asseoir côte à côte, au centre, sous le chêne. Puis, on avait décidé qu’on ne séparerait pas non plus les autres ménages, qu’il serait tendre et beau de les asseoir tous côte à côte, par rang de génération. Et, quant aux jeunes gens, aux jeunes filles, aux gamins et aux gamines, on les laisserait se placer à leur guise, au petit bonheur de leur fantaisie et de leur gaieté.

Puis, ce fut, dès le matin, l’arrivée en bandes, le retour au nid commun de la famille dispersée, s’abattant des quatre points de l’horizon. Mais, hélas ! la mort avait déjà fauché, beaucoup ne devaient pas venir. Des hôtes dormaient, chaque année plus nombreux, dans le cimetière de Janville, si calme, si fleuri, d’une solitude attendrie de rêve. Près de Rose, près de Blaise, partis les premiers, d’autres étaient allés dormir leur éternel sommeil, emportant là chaque fois un peu plus du cœur de la famille, faisant de cette terre sacrée une terre de culte, d’éternel souvenir. D’abord, Charlotte, longtemps souffrante, avait rejoint Blaise, heureuse en son départ de laisser sa fille Berthe la remplacer près de Mathieu et de Marianne, frappés au cœur, comme s’ils perdaient une seconde fois leur fils. Puis, c’était leur fille Claire qui les