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inconsolable. Et elle gisait là, tout de son long, maigre et desséchée, empoisonnée par les tendresses qu’elle n’avait pu assouvir.

Mathieu s’inquiéta, la vieille bonne accourut, se fit aider pour la porter sur son lit, puis la déshabilla. Pendant ce temps, comme elle semblait morte, dans une de ces syncopes qui, parfois, la laissaient sans souffle, il partit lui-même à la recherche de Boutan, qu’il eut la chance de ramener tout de suite, l’ayant trouvé au moment où il rentrai dîner chez lui. Boutan, âgé de soixante-douze ans bientôt, avait cessé de pratiquer, achevant de vivre dans la gaieté sereine de son espoir en la vie, n’allant désormais en visite que chez les très vieux clients, ses amis. Il ne refusa pas, examina la malade, eut un geste désespéré, d’une signification si nette, que Mathieu, de plus en plus inquiet, se préoccupa de découvrir Beauchêne, pour qu’il fût au moins là, si sa femme venait à mourir. La vieille servante, interrogée, commença par lever les bras au ciel : elle ne savait pas où était Monsieur, jamais Monsieur ne laissait d’adresse. Enfin, prise également d’épouvante, elle se décida, courut chez ces dames, la tante et la nièce, dont elle connaissait parfaitement la demeure, sa maîtresse l’y ayant envoyée elle-même, dans des cas pressés, mais on lui dit que, depuis la veille, ces dames étaient allées se reposer huit jours à Nice, avec Monsieur ; et, ne voulant pas revenir sans personne de la famille, elle avait eu la bonne idée, au retour, de passer chez la sœur de Monsieur, la baronne de Lowicz, qu’elle amena presque de force, dans son fiacre.

En vain, Boutan avait organisé de prompts secours. Lorsque Constance ouvrit les yeux, elle le regarda fixement, le reconnut sans doute, puis referma les paupières. Et, dès lors, elle refusa de répondre, obstinément. Elle devait entendre, elle ne pouvait ignorer les gens qui