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Elle se releva, déjà rassurée, égayée ; et, apercevant Mathieu qui la regardait :

— Ah ! ces petits êtres, ils vous en donnent, un mal ! Mais vous voyez bien qu’on les adore quand même, tout en pensant que, pour leur bonheur, ils auraient mieux fait de ne pas naître… Enfin, moi, je suis en règle envers la patrie, que toutes les femmes aient, comme moi, un garçon et une fille !

Alors, Mathieu, voyant qu’elle plaisantait, se permit de dire, en riant lui aussi :

— Non, non, madame, vous n’êtes pas en règle. Il en faut quatre pour que la patrie prospère. Et vous savez ce que dit votre médecin, le docteur Boutan, tant que les femmes qu’il accouche n’en ont pas eu quatre : « Le compte n’y est pas. »

— Quatre ! quatre ! cria Séguin, repris de colère. S’il en venait un troisième, je me croirais un criminel… Ah ! je vous réponds que nous faisons tout pour en rester là.

— Vous ne pensez donc pas, demanda gaiement Valentine, que je suis déjà une trop vieille femme, pour risquer de perdre le peu qui me reste de fraîcheur… Je ne veux pourtant pas devenir un objet de répugnance pour mon mari.

— Mais, répondit Mathieu, causez donc de cela encore avec le docteur Boutan. Moi, je ne sais rien. Lui, prétend que ce qui vieillit et détraque les femmes, ce ne sont pas les grossesses, mais les pratiques auxquelles se livrent les ménages, pour les éviter.

De grasses plaisanteries, tout un flot d’allusions libertines, fort goûtées dans La maison, accueillirent ces paroles. Et, quand il eut ajouté que le spasme devenait destructeur, si l’on contentait le désir, qui était le moyen, sans contenter la fonction de l’organe, qui était le but, ce fut un redoublement d’élégante obscénité. Un souffle