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robuste, avec sa face moqueuse, où luisaient des yeux de lumière. Son enfance s’était passée en écoles buissonnières par les bois de Janville, et il avait fait ensuite d’exécrables études, à Paris, d’où il était revenu gai, bien portant, sans vouloir se décider pour un métier ou une profession quelconque. À vingt-quatre ans déjà, il ne savait guère que chasser, pêcher, courir le pays à cheval, ni plus bête, ni moins actif qu’un autre, mais d’un entêtement joyeux à ne vivre qu’à sa tête et selon son plaisir. Et le pis était que tout Janville racontait, depuis quelques mois, qu’il avait renoué son ancienne camaraderie de jeunesse avec Thérèse Lepailleur, la fille du Moulin, et qu’on les rencontrait, le soir, dans les trous d’ombre, sous les saules de l’Yeuse.

Un matin, Mathieu emmena Grégoire avec lui, désireux d’aller voir si les couvées de perdreaux étaient nombreuses, du côte de Mareuil. Puis, dès qu’ils furent seuls, par les taillis du plateau :

« Tu sais, mon garçon, que je ne suis pas content de toi… Je ne reviens pas sur l’état d’oisiveté où tu vis ici, parmi nous, qui travaillons tous. J’attends octobre, puisque tu m’as formellement promis de te décider à cette époque, en choisissant la situation qui te conviendra le mieux… Mais qu’est-ce que c’est encore, cette histoire dont on m’a parlé, ces rendez-vous où tu te rencontrerais avec la fille des Lepailleur ? Tu veux donc nous faire arriver les pires ennuis ? »

Tranquillement, Grégoire se mit à rire.

« Oh ! voyons, père, tu ne vas pas gronder un de tes fils, parce qu’il est le camarade d’une jolie fille… Souviens-toi donc que c’est moi qui lui ai donné sa première leçon de bicyclette, il y a plus de dix ans. Et souviens-toi des belles roses blanches qu’elle m’avait aidé à voler dans le clos du Moulin, pour la noce de Denis. »

Il s’en égayait encore, s’animant, revivant toute cette