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« Mon pauvre petit ! mon pauvre petit ! Pourvu que tu n’en souffres pas, que ce ne soit pas sur toi que retombe la faute !… Ah ! ce serait une rude punition, le mieux est décidément de se bien conduire, quand on ne veut pas avoir des embêtements plus tard ! »

Le soir, les deux sœurs, s’étant un peu calmées, décidèrent qu’elles devaient écrire à Mathieu. Norine se rappela la visite qu’il lui avait faite, quelques années plus tôt, pour lui demander si Alexandre n’était pas venu la voir. Lui seul connaissait l’affaire, savait où se renseigner. Et, dès qu’une lettre l’eut averti, Mathieu s’empressa d’accourir rue de la Fédération, inquiet du contrecoup qu’une telle aventure pouvait avoir à l’usine, dans la situation de Beauchêne, qui s’embarrassait chaque jour davantage. Après avoir longuement interrogé Norine, il devina qu’Alexandre avait dû découvrir l’adresse de celle-ci par la Couteau, sans bien saisir encore l’enchaînement logique des faits, tant il y avait de lacunes et de trous. Enfin, à la suite d’un grand mois de discrètes recherches, de conversations avec Mme Menoux, avec Céleste, avec la Couteau elle-même, il put rétablir à peu près les choses. L’éveil venait certainement de l’enquête qu’il avait chargé la meneuse de faire à Rougemont, lorsqu’elle s’était rendue au hameau de Saint-Pierre, pour recueillir des renseignements sur l’enfant qui devait être en apprentissage chez le charron Montoir. Elle avait trop parlé, elle en avait trop dit, surtout à l’autre apprenti charron à ce Richard, un enfant de l’Assistance publique, d’instincts si mauvais, lui aussi, que, sept mois plus tard, il filait à son tour comme Alexandre, après avoir volé son patron. Là, des années se passaient, on perdait leur trace. Mais plus tard, à coup sûr, les deux jeunes vauriens s’étaient retrouvés sur le pavé de Paris, de sorte que le grand roux avait appris au petit brun toute l’histoire et de quelle façon ses parents le faisaient rechercher,