Page:Zola - Fécondité.djvu/614

Cette page n’a pas encore été corrigée


Puis, on se remit en marche. Mais, dans les étables, dans la vacherie, dans la bergerie, cette sensation de force et de puissance s’accrut encore. La création continuait, une création vivante, les vaches, les moutons, les poules, les lapins, tout ce qui grouillait là, tout ce qui pullulait en une éclosion continue. Chaque année l’arche s’emplissait, se faisait trop petite, nécessitait d’autres parcs, d’autres bâtiments. La vie augmentait la vie, on marchait au milieu d’un peuple en perpétuelles couches, partout des couvées, des nichées qui lâchaient de nouveaux vols, de nouveaux troupeaux tandis que, derrière, les germes se multipliaient, l’enfantement recommençait, d’un flot débordé, montant toujours. Là encore, c’était la richesse conquérante de l’inépuisable fécondité.

Dans les écuries, Séguin admira beaucoup les paires de forts chevaux, avec des mots de connaisseur. Ensuite, il revint sur l’élevage, il cita un de ses amis qui obtenait, par certains croisements, des résultats extraordinaires. Et, revenant à ses idées anciennes, il ajouta, en manière d’explication :

« Oh ! pour les bêtes, j’accepte le Croissez et multipliez, lorsque c’est nous, les éleveurs, qui, par besoin ou par curiosité tenons la chandelle. »

Il ricana, trouva son mot très drôle. Puis, comme Valentine et Constance, muettes, un peu répugnées de toute cette fermentation odorante de vie, revenaient lentement sur leurs pas, il déblatéra contre le siècle, recommença ses vieilles théories, sans autre transition. Peut-être une sourde rancune jalouse le poussait-elle à protester contre la victoire de la vie, que clamait la ferme entière. La dépopulation, ah ! certes, elle ne marchait pas assez vite ! Ce Paris qui voulait mourir, il y mettait vraiment le temps ! Tout de même, il notait certains bons symptômes, car la banqueroute s’aggravait