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entourée des charmes et des ormes amis, telle qu’une discrète salle de verdure. Toute la famille se trouvait là, d’abord tous ceux de la ferme, puis Denis, le marié, qu’on voyait rarement, cloué à l’usine, puis Ambroise et sa femme Andrée, qui avaient amené leur petit Léonce, de visite rare, eux aussi, dans les nécessités de vie active où Paris les tenait. Et c’était une joie, ce retour au nid familial des oiseaux envolés déjà, ce bonheur de pouvoir se réunir au grand complet, malgré la dispersion continuelle de l’existence. En dehors, il n’y avait que les parents invités, Beauchêne et Constance, Séguin et Valentine, sans compter naturellement Mme Desvignes, la mère de Marthe, la mariée. On était vingt et un à la table, mais il y en avait trois autres, les tout-petits, la petite table : Léonce qu’on venait de sevrer, à quinze mois, Benjamin et Guillaume encore au sein ; et, pour qu’ils fussent de la fête, on avait approché leurs voitures, ils tenaient tout de même leur place. Ça faisait donc vingt-quatre, un compte rond, les deux douzaines. La table, fleurie de roses, embaumait, à l’ombre fraîche, sous la pluie du soleil d’été qui la criblait d’or, au travers des feuillages. Un triomphal ciel de juillet tendait, d’un bout de l’horizon à l’autre, une prodigieuse tente d’azur. Et la robe blanche de Marthe, les robes claires des petites et des grandes filles, ces toilettes gaies, ces belles santés de jeunesse, semblaient être la floraison même de ce coin verdoyant de bonheur. On mangea joyeusement, on finit par trinquer à la campagnarde, en souhaitant toutes les prospérités au jeune ménage, ainsi qu’aux personnes présentes.

Alors, pendant que les servantes enlevaient le couvert, Séguin, qui affectait de s’intéresser à l’élevage, voulut que Mathieu lui montrât ses étables. Il n’avait fait que causer chevaux pendant le déjeuner, il désirait voir surtout des paires de forts chevaux de labour, dont son hôte lui vantait