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moulin tout neuf, reconstruit, élargi, utilisant les eaux de l’Yeuse, se reliant à la gare de Janville par une voie qui ne coûterait pas cher à établir ! »

Grégoire écoutait, heureux que l’orage se fût détourné. Et Marianne, voyant ses trois filles désolées de n’avoir point de roses blanches, les consola.

« Pour la table, vous cueillerez demain matin les moins rouges, les roses pâles, et ça sera tout de même très bien. »

Alors, Mathieu se calma, fit rire les enfants en concluant gaiement :

« Cueillez donc aussi les roses rouges, mettez les plus rouges. C’est le sang de la vie. »

Cependant, Marianne et Charlotte s’attardaient à causer de tous ces apprêts, lorsque des petits pieds encore accoururent dans l’herbe. Nicolas, fier de ses sept ans, amenait par la main sa nièce Berthe, une grande fille de six ans. Ils s’entendaient très bien ensemble. Ce jour-là, ils étaient restés près du berceau de Benjamin et de Guillaume, dans la maison, jouant au ménage, disant que les deux enfants étaient leurs bébés. Mais voilà que, se réveillant les deux enfants avaient crié la faim. Alors, ayant pris peur Nicolas et Berthe s’étaient mis à galoper, pour venir chercher les deux mères.

« Maman ! appela Nicolas, c’est Benjamin qui te demande. Il a soif.

— Maman, maman ! répéta Berthe, c’est Guillaume qui a soif. Viens vite, ça presse. »

Marianne et Charlotte s’égayèrent. C’était vrai, pourtant, que ce mariage du lendemain leur avait fait oublier les chers mignons.

Et elles se hâtèrent de rentrer, car l’heure de la tétée était venue.

Ah ! le lendemain, ces noces heureuses, dans quelle intimité tendre elles se firent ! On ne fut que vingt et un à table, sous le grand chêne, au milieu de la pelouse,