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Son nez pointu, ses lèvres fines, disaient l’aventure, la volonté aussi, l’adresse à vaincre. Et, l’air amusé de la déconvenue de ses trois sœurs, il s’oublia, il cria, pour les taquiner :

« Moi, je sais où il y en a, des roses blanches, et des belles !

— Où donc ? demanda Mathieu.

— Mais au Moulin après la roue, dans le petit clos. Trois gros rosiers qui en sont tout blancs. Des roses comme des choux. »

Puis, il rougit, se troubla, lorsque son père le regarda d’un air de sévérité, en lui disant :

« Comment ! tu rôdes encore autour du Moulin. Je te l’avais absolument défendu… Et, pour savoir qu’il y a des roses blanches dans le clos, tu es entré ?

— Non, j’ai regardé par-dessus le mur.

— Tu es monté sur le mur, c’est complet. Tu veux donc me faire avoir des ennuis avec ces Lepailleur, qui sont décidément de sottes et méchantes gens ?… En vérité, mon garçon, tu as le diable dans le corps. »

Ce que Grégoire ne disait pas, c’était qu’il allait retrouver dans le clos Thérèse, la petite meunière, la blondine rose, au museau si drôlement enfariné, dont les treize ans étaient eux aussi terriblement aventureux. Leurs jeux, d’ailleurs, restaient encore des jeux de gamins, en toute innocence. Mais il y avait, au fond du clos, sous des pommiers, un endroit délicieux, où l’on s’amusait bien, à causer et à rire.

« Entends-tu ! répéta Mathieu, je ne veux pas que tu retournes jouer avec Thérèse. Elle est très gentille, la chère enfant. Seulement, c’est une maison où tu ne dois pas aller… Il paraît qu’on s’y bat, maintenant. »

C’était vrai. Lorsque Antonin s’était cru guéri du vilain mal dont causaient les commères de Janville, le regret de Paris l’avait tourmenté, il avait tout fait pour retourner