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Il y eut fête à Chantebled, quatorze mois plus tard. Denis, qui avait pris à l’usine la succession de Blaise, épousait Marthe Desvignes. Et, dans le deuil si douloureux de la maison, c’était le premier sourire, comme le clair, le tiède soleil de printemps, après le rude hiver. Mathieu et Marianne, jusque-là endoloris, vêtus de noir, s’égayaient d’une émotion tendre, devant cet éternel recommencement de la vie. La mère avait bien voulu mettre une robe moins sombre, le père s’était résigné à ne pas retarder davantage un mariage résolu depuis des mois, que toutes les circonstances nécessitaient. Il y avait plus de deux ans déjà que Rose dormait dans le petit cimetière de Janville, plus d’un an que Blaise était venu l’y rejoindre, sous des fleurs toujours fraîches. Et le souvenir des chers morts, visités de tous, restés vivants au fond de tous les cœurs, allait être de la fête, à la place familiale qui leur était réservée, comme s’ils eussent décidé eux-mêmes, avec les parents, que l’heure des noces était sonnée, pour que leur regret n’entravât pas plus longtemps la joie de s’accroître et de créer encore.

Cette installation de Denis à l’usine s’était faite naturellement. S’il n’y était pas entré, dès sa sortie de l’école spéciale où il avait passé trois ans, c’était que la situation se trouvait alors prise par son frère. Toutes ses études techniques l’y destinaient, il y fut du matin au soir à sa vraie place, il n’eut qu’à occuper l’ancien pavillon, d’où