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se tenait là, veillant, réglant la besogne.

« Prenez garde ! Prenez garde ! » répétait Morange, glacé, affolé.

La trappe était descendue, l’immense trou s’enfonçait, béant. Pas une barrière, rien qui pût les avertir, qui les eût empêchés de faire le terrible saut. La pluie claquait toujours sur les vitres, l’obscurité devenait si complète dans la galerie, qu’ils y marchaient de confiance, sans rien voir devant eux. Et un pas de plus, ils étaient précipités. C’était miracle que le comptable se fût inquiété de cet épaississement d’ombre, de ce gouffre qu’il avait plutôt senti qu’aperçu, le sachant là.

Cependant, Constance, ne comprenant pas encore, voulait se dégager de l’étreinte éperdue de Morange.

« Mais voyez donc ! » cria-t-il.

Et il se pencha, et il la força de se pencher au-dessus du trou. Cela s’enfonçait dans les sous-sols, à trois étages, tel qu’un puits de ténèbres. Un souffle humide de cave s’exhalait, on distinguait à peine des profils vagues de grosses ferrures. Seule, tout en bas, une lanterne brûlait, une clarté lointaine, comme pour mieux montrer la profondeur et l’horreur du gouffre. Et ils s’écartèrent pâlissant.

Maintenant, Morange se fâchait.

« C’est idiot ! Qu’est-ce qu’ils font ? Pourquoi n’obéissent-ils pas au règlement ?… D’habitude, il y a un homme là, un homme exprès, qui ne doit pas quitter son poste, tant que la trappe n’est pas remontée… Où est-il ? Qu’est-ce qu’il fiche, celui-là ? »

Il retourna près du trou, il y jeta un furieux appel.

« Bonnard ! »

Rien ne répondit, le trou restait sans fond, noir et vide. Ce silence l’enragea.

« Bonnard ! Bonnard ! »