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calmer, en lui expliquant que Blaise était un brave cœur, que dans cette circonstance il s’était montré parfait, s’employant à étouffer le scandale, se montrant même très désintéressé. Et, comme elle s’était mise debout, satisfaite de savoir, désireuse de n’être pas trouvée là par les trois hommes, qui rentraient à pied, le comptable se leva, lui aussi, l’accompagna le long de la galerie qu’elle devait suivre pour retourner à son appartement.

« Je vous en donne ma parole d’honneur, madame, ce jeune homme n’a fait aucun vilain calcul… Toutes les pièces me passent par les mains, personne n’est mieux renseigné que moi… Et, si j’avais eu quelque doute d’une machination, j’aurais eu le courage de reconnaître vos bontés en vous prévenant. »

Elle ne l’écoutait plus, tâchait de se débarrasser de lui. À ce moment, la violente averse, longtemps menaçante, s’abattait, fouettait furieusement les vitres. Le ciel s’était obscurci d’une nuée si noire, qu’il faisait presque nuit, bien qu’il fût quatre heures à peine. Et cette idée lui vint : les trois hommes, sous un tel déluge, allaient prendre une voiture. Elle hâta le pas, toujours suivie du comptable.

« Tenez ! un exemple, continua-t-il. Lorsqu’il s’est agi de rédiger le traité… »

Tout d’un coup, il s’interrompit, eut une exclamation rauque, en l’arrêtant, en la rejetant en arrière, d’un geste d’épouvante.

« Prenez garde ! »

Sous leurs pas, s’ouvrait un abîme. Il y avait là, au bout de la galerie, avant le corridor qui servait de communication avec l’hôtel, un monte-charge d’une grande puissance, actionné par la vapeur, destiné à descendre les grosses pièces aux ateliers d’emballage. D’ailleurs, on ne l’utilisait que certains jours. Habituellement, l’énorme trappe restait fermée ; et, quand l’appareil fonctionnait, un homme, un gardien spécial