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sept heures, descendit en hâte lui dire de passer chez Boutan, pour le supplier d’accourir sans perdre une minute. Et, après le départ de son fils, il était remonté près de Marianne, ne voulant encore appeler ni même prévenir personne, lorsqu’une troisième crise se produisit. Et, cette fois, ce fut la foudre.

Rose s’était soulevée, les bras ouverts, la bouche élargie, en jetant sa plainte.

« Maman ! Maman ! »

Puis, dans une révolte, dans une dernière flambée de vie, elle sauta de sa couche, voulut marcher, alla jusqu’à la fenêtre, que le soleil levant embrasait. Un instant, elle s’y appuya, les jambes nues, les épaules nues, d’une nudité pure de vierge, avec ses lourds cheveux dénoués, qui la couvraient d’un royal manteau. Jamais elle n’avait paru plus belle, plus éclatante de force et d’amour.

« Oh ! que je souffre ! C’est fini, je vais mourir. »

Le père s’était précipité, la mère la soutenait, l’enveloppait de ses deux bras, comme d’une invincible armure, pour la défendre contre tout péril.

« Tais-toi, malheureuse enfant ! Ce n’est rien, c’est une crise encore qui va se calmer… Recouche-toi, de grâce ! Ton vieil ami Boutan est en route, demain tu seras debout.

— Non, non ! je vais mourir, c’est fini ! »

Elle tomba dans leurs bras, ils n’eurent que le temps de la recoucher. Et ce fut la foudre, elle mourut sans un mot, sans un regard, en quelques minutes, d’une congestion pulmonaire.

La foudre imbécile, la faux aveugle qui, d’un coup, sabre tout le printemps. Cela fut si brutal, si violemment inattendu, que la stupeur, d’abord, l’emporta sur le désespoir. Aux cris de Marianne et de Mathieu, la ferme entière accourut, s’emplit de la rumeur affreuse, puis tomba au grand silence de la mort, toute besogne toute