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messagères qui rasaient le sol, porteuses de bonnes nouvelles. Quant au page Grégoire, toujours emballé, à pleines pédales, il ne se conduisait pas très bien, s’oubliait parfois jusqu’à vouloir dépasser le royal couple tenant la tête, ce qui lui attirait de sévères objurgations, tant qu’il n’était pas rentré dans le devoir, à son rang de déférence et de modestie. Seulement, les trois demoiselles d’apparat s’étant mises à chanter la complainte de Cendrillon, en marche pour le palais du Prince Charmant, le royal couple avait daigné trouver d’un aimable effet ce chant de circonstance, malgré l’étiquette. Et Rose, et Frédéric, et Grégoire aussi, tous avaient fini par le chanter, à pleine voix. Et cette chanson, dans la vaste campagne sereine, faisait la plus belle musique du monde.

Puis, à quelque distance, venait le char, le bon vieux break familial, bondé maintenant. Selon le programme arrêté, Gervais conduisait, ayant Claire à sa gauche, sur la banquette de cuir. Les deux forts chevaux allaient de leur train bonhomme, malgré les coups de fouet qu’il faisait claquer allègrement au-dessus de leurs oreilles, désireux de faire lui aussi de la musique. À l’intérieur, pour les six places, on était sept, en comptant trois gamins qui tout de même tenaient leur coin, tant ils se démenaient. C’était d’abord Ambroise et Andrée, les fiancés qu’on honorait de cette glorieuse bienvenue, assis en face l’un de l’autre. Ensuite, c’étaient également face à face, les hauts seigneurs du pays, Mathieu et Marianne, laquelle gardait sur les genoux le petit Nicolas, le dernier prince de la lignée qui braillait comme un petit âne, parce qu’il avait de la joie. Enfin, les deux dernières places se trouvaient occupées par la petite-fille et le petit-fils des hauts seigneurs, Mlle Berthe et M. Christophe, incapables encore d’une longue course à pied. Et le char s’avançait en grande pompe, bien que, dans la crainte de