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prendre. Puis, ce soir, je serai ici dès huit heures je ramènerai Mademoiselle… Nous avons réglé tout ça sur un indicateur des trains. À ce soir, monsieur.

« À ce soir, c’est chose entendue. »

Et, laissant la femme de chambre dans la petite gare déserte, tous sortirent, se retrouvèrent sur la place du village, où attendaient le break et les bicyclettes.

« Nous voilà au grand complet, cria Rose. Enfin, la vraie fête commence… Laissez-moi organiser le cortège pour la rentrée triomphale au château de nos pères.

— Je crains bien, dit Marianne, que ton cortège ne soit trempé. Vois là-bas cette averse qui arrive. »

Depuis un instant, le ciel, si pur, était envahi par une grande nuée livide, qui montait de l’ouest, flagellée d’un vent de bourrasque. C’était comme une suite des violentes ondées orageuses de la nuit précédente.

« La pluie ! nous nous en moquons bien ! répondit superbement la jeune fille. Jamais elle n’osera tomber avant que nous soyons chez nous. »

Et elle plaça son monde, avec une autorité comique, selon l’ordre arrêté depuis huit jours dans sa tête. Et le cortège s’ébranla, traversa Janville émerveillé, au milieu des sourires de toutes les commères qui accouraient sur les portes, se déroula le long de la route blanche, à travers les champs fertiles, faisant lever des bandes d’alouettes, dont la claire chanson montait au ciel. Ce fut vraiment magnifique.

En tête, Rose et Frédéric, le couple, filaient à bicyclette, côte à côte, ouvrant la marche nuptiale, d’une majestueuse allure. Derrière eux, les trois demoiselles d’apparat, les trois sœurs cadettes, Louise, Madeleine et Marguerite, s’étageaient de la plus grande à la plus petite, sur des machines faites à leur taille ; et, coiffées de bérets, avec leurs chevelures dans le dos, flottantes au vent de la course, elles étaient adorables, un vol d’hirondelles