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ainsi venu les attendre, en rang, d’un air de solennité. Mais, Rose s’étant mise à leur adresser un petit discours pompeux, traitant la fiancée en princesse lointaine qu’elle avait charge de saluer, au seuil des États de son père, le couple finit par rire, voulut bien continuer la plaisanterie, en répondant sur le même ton. Les employés de la gare regardaient, écoutaient, bouche béante. Ce fut d’une bonne folie, ils étaient tous ravis de se montrer si enfants, par cette chaude matinée de mai.

Cependant, Marianne eut une exclamation de surprise.

« Comment ! Mme Séguin n’est pas venue avec vous ? Elle avait tant promis ! »

En effet, derrière Ambroise et Andrée, Céleste seule, la femme de chambre, venait de descendre du train. Et elle expliqua les choses.

« Madame m’a chargée de dire qu’elle était vraiment au désespoir. Hier encore, elle espérait bien tenir sa promesse. Seulement, elle a reçu, dans la soirée, la visite de M. de Navarède, qui préside, aujourd’hui dimanche, une conférence donnée par l’œuvre, et il a été naturellement impossible à Madame de ne pas y assister. Alors, Madame s’est fiée à moi pour vous amener les jeunes gens. Vous voyez que tout va bien, les voilà à bon port. »

Au fond, personne ne regrettait Valentine, que la campagne attristait. Et Mathieu résuma l’opinion générale, en exprimant un regret poli.

« Enfin, vous lui direz combien elle nous a manqué… En route maintenant ! »

Mais Céleste, de nouveau, intervint.

« Pardon, monsieur je ne reste pas avec vous… Non, Madame m’a bien recommandé de revenir tout de suite auprès d’elle, car elle a besoin de moi pour l’habiller. Et puis, elle s’ennuie trop seule… Il y a un train pour Paris à dix heures un quart, n’est-ce pas ? Je vais le