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quand elles attendent des Majestés voisines… Et c’est moi qui vais les faire cuire en rentrant, vous verrez si je les réussis ! »

Alors, on la plaisanta, et les parents cédèrent à cette grande enfant, qui ne savait plus, dans son bonheur, à quel amusement se dépenser, tant la vie lui semblait en fête. Mais, comme elle s’entêtait à vouloir compter les écrevisses, en manière de distraction, ce fut une rude affaire ; car elle fut pincée par quelques-unes, elle les lâcha, avec de petits cris, et voilà que, le panier s’étant renversé, toutes galopèrent. Les garçons, les fillettes se jetèrent à leur poursuite, il y eut une chasse en règle, même les gens sérieux de la famille finirent par s’en mêler. Et c’était si drôle, si gai, si bon enfant, de les entendre rire, de les voir s’exciter à cette poursuite, les grands comme les petits, toute la nichée heureuse, que Janville s’amassa de nouveau, prenant sa part de l’amusement plein de bienveillance.

Soudain, il y eut au loin un grondement de roues, un train siffla.

« Ah ! mon Dieu ! les voilà ! dit Rose effarée. Vite ! vite ! Nous allons manquer la réception ! »

Et ce fut une bousculade, on paya l’homme, on n’eut que le temps de fermer le panier et de le porter dans la voiture. Déjà, toute la famille courait, envahissait l’étroite gare, pour se ranger en bon ordre sur le quai de débarquement.

« Non, non ! pas comme ça, répétait Rose, en replaçant son monde. Vous n’observez pas les préséances. La reine mère avec le roi son époux, puis les princes par rang de taille. Frédéric va se mettre à ma droite. Nous sommes les fiancés… Et, vous savez c’est moi qui fais le compliment. »

Le train s’arrêtait. Lorsque Ambroise et Andrée descendirent, ils furent d’abord stupéfaits que tout le monde fût