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« Que ceux qui sont davantage se montrent ! reprit gaiement Rose. On se comptera.

— Tais-toi, voyons ! dit Marianne, qui, descendue de la voiture, venait de poser Nicolas à terre. Tu finiras par nous faire huer.

— Huer ! mais ils nous admirent tous, regarde-les !… Est-ce drôle, maman, que tu ne sois pas plus orgueilleuse de toi et de nous !

— J’en suis tellement orgueilleuse, que je crains d’humilier les autres. »

Tous se mirent à rire. Et Mathieu, près de Marianne, était très fier, lui aussi, bien qu’il gardât sa bonhomie tranquille, lorsqu’il se trouvait de la sorte, en public, au milieu du bataillon sacré, comme il nommait plaisamment ses fils et ses filles. La bonne Mme Desvignes, souriante, en faisait également partie, depuis que sa fille Charlotte, en attendant que Marthe à son tour s’y employât, continuait l’œuvre de vie, donnait des soldats au bataillon toujours grandissant, qui finirait par devenir une armée. Ce n’était qu’un commencement encore, on verrait plus tard s’élargir sans cesse, pulluler sans fin la race victorieuse, les petits-fils, les fils des petits-fils. On serait cinquante, on serait cent, on serait deux cents, pour le bonheur et pour la beauté du monde. Et, dans l’ébahissement, dans l’indulgence amusée de Janville, autour de cette famille féconde, il entrait certainement l’inconsciente admiration de la force et de la santé qui créent les grands peuples.

« D’ailleurs, nous n’avons plus que des amis, fit remarquer Mathieu. Tous nous aiment.

— Oh ! tous ! murmura Rose. Regarde donc les Lepailleur, là devant cette baraque. »

En effet, les Lepailleur étaient là, le père, la mère, Antonin, Thérèse. Afin de ne pas voir les Froment, ils affectaient de s’intéresser à un jeu de tourniquet, chargé de porcelaines violemment peintes. Du reste, ils ne les