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la cour, vous ne pouvez pas faire autrement que de venir… Hein ? quelle pompe, quel spectacle, dans la campagne, quand nous nous déroulerons, au retour ! »

Marianne, que cette gaieté débordante gagnait, finit par rire et par céder.

« Voici l’ordre et la marche, reprit Rose. Oh ! j’ai tout organisé, tu vas voir… Frédéric et moi, nous irons à bicyclette, c’est plus moderne. Nous emmènerons, à bicyclette aussi, mes suivantes, mes trois petites sœurs, Louise, Madeleine, Marguerite, onze, neuf et sept ans : ça fera l’escalier derrière moi, un joli effet. Et nous pouvons encore accepter à bicyclette mon frère Grégoire, un page de treize ans, fermant l’escorte de nos augustes personnes… Tout le reste de la cour s’empile dans le char, je veux dire dans le grand break de famille, où l’on tient huit. Toi, la reine mère tu pourras garder Nicolas, ton dernier rejeton, sur les genoux. Papa, lui, n’aura que sa royauté de chef de dynastie à porter dignement. Et mon frère Gervais, jeune hercule de dix-sept ans, conduira, ayant près de lui, sur la banquette, ma sœur Claire, dont les quinze ans fleurissent en haute sagesse… Quant aux deux aînés, aux illustres jumeaux, les puissants seigneurs Blaise et Denis, nous les prendrons à Janville, chez Mme Desvignes puisqu’ils nous y attendent. »

Elle triompha, elle dansa, chanta, en tapant des mains.

« Ah ! pour un beau cortège, je crois que voilà un beau cortège ! »

Une telle hâte joyeuse la pressait, qu’elle fit partir tout son monde beaucoup trop tôt et qu’on fut à Janville, dès neuf heures et demie. Mais il s’agissait d’y prendre le reste de la famille.

La maison où Mme Desvignes s’était réfugiée, après la mort de son mari, et qu’elle occupait depuis douze ans déjà, en y vivant des petites rentes sauvées du désastre,