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un esprit d’une activité et d’une intelligence rares. Il n’avait d’ailleurs aucune fortune, Rose, grandie près de lui, le savait l’aide préféré de son père ; et, dès son retour du service, comme il rentrait à la ferme, elle avait très simplement provoqué son aveu, se sentant aimée. Elle fixait son destin, elle était résolue à ne pas quitter ses parents, à rester dans cette ferme où son bonheur avait tenu jusque-là. Ni Mathieu ni Marianne ne furent surpris. Émus aux larmes, ils avaient approuvé un choix où entrait tant de sage affection pour eux. Le lien de famille se trouvait comme resserré, et il n’y avait eu que plus de joie encore dans la maison.

Tout fut donc réglé. Il était convenu que, ce dimanche-là, par le train de dix heures, Ambroise amènerait à Janville sa fiancée Andrée, accompagnée de sa mère, Mme Séguin. Et, dès huit heures, Rose eut à combattre, pour que toute la famille fût du cortège qui se rendrait à la gare, au-devant des fiancés.

« Voyons, mon enfant, c’est fou, disait doucement Marianne. Il faut bien que quelqu’un reste ici. Je garderai Nicolas, les enfants de cinq ans n’ont pas besoin de courir les chemins. Je garderai aussi Gervais et Claire… Emmène tous les autres, je veux bien, et ton père vous conduira. »

Mais Rose, au milieu de ses grands rires, tenait bon, ne voulait rien lâcher de son idée plaisante, qui l’égayait tant.

« Non, non ! maman, tu viendras, et tous viendront, c’est promis… Comprends donc qu’Ambroise et Andrée, c’est, comme dans les contes, le royal couple d’un empire voisin. Mon frère Ambroise, ayant obtenu la main d’une princesse étrangère l’amène pour nous la présenter… Alors, naturellement, afin de leur faire les honneurs de notre empire, à nous, Frédéric et moi nous allons à leur rencontre, accompagnés de toute la cour. Vous êtes