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nommait, elle avait réussi à maintenir sur la tête de l’enfant la petite rente mensuelle de trente francs, pendant trois années. Puis, à trois ans, elle lui avait fait obtenir l’assistance scolaire, sans compter les continuels cadeaux qu’elle apportait, des effets, du linge, même de l’argent, des sommes assez fortes qu’elle récoltait chez des personnes charitables, en dehors de l’Administration, et qu’elle distribuait ainsi entre les mères pauvres les plus méritantes. Maintenant encore, elle venait parfois, aimait à passer là une heure, dans ce coin de tranquille besogne, égayée par les rires et les jeux de l’enfant. Elle y était loin du monde, elle y souffrait moins de sa maternité détruite. Et Norine lui baisait les mains en disant que, sans elle, jamais le ménage des deux mères n’aurait pu vivre.

Lorsque Mathieu parut, il y eut des cris de joie. Lui aussi était un ami, un sauveur, celui qui, en louant et en meublant la grande chambre, avait fondé le ménage. Elle était très propre, cette grande chambre, très coquettement arrangée avec ses rideaux blancs, très égayée aussi par les deux larges fenêtres, qui laissait entrer la nappe d’or du soleil à son déclin. Norine et Cécile, devant leur table, travaillaient, découpaient, collaient ; et le petit lui-même, rentré de l’école, assis entre elles sur une haute chaise, maniait gravement une paire de ciseaux, en croyant qu’il les aidait.

« Ah ! c’est vous, ah ! que vous êtes gentil de venir nous voir ! Voici cinq jours que personne n’est venu. Oh ! nous ne nous en plaignons pas. Nous sommes si contentes, toutes seules !… Depuis qu’elle a épousé un employé, Irma nous dédaigne. Euphrasie ne descend plus son escalier. Victor demeure au diable avec sa femme. Et, quant à ce vaurien d’Alfred, il ne monte ici que pour voir s’il n’y a rien à voler… Maman est venue, il y a cinq jour nous dire que papa, la veille, avait failli être tué à