Page:Zola - Fécondité.djvu/534

Cette page n’a pas encore été corrigée


« Si monsieur veut bien m’expliquer ce dont il s’agit, je suis toute à son service.

— Je vais vous accompagner, répondit Mathieu. Nous causerons en marchant.

— C’est parfait, ça m’arrange, car je suis un peu pressée. »

Dehors, il résolut de ne pas ruser avec elle. Le mieux était de lui dire nettement ce qu’il voulait, puis de la payer, pour acheter son silence. Dès les premiers mots, elle comprit. Elle se rappelait parfaitement l’enfant de Norine, bien qu’elle en eût porté des douzaines aux Enfants-Assistés ; mais les circonstances particulières, les paroles échangées, la course en voiture, lui étaient restées dans la mémoire. D’ailleurs, cet enfant, elle l’avait retrouvé cinq jours plus tard à Rougemont, elle se souvenait même que son amie, l’infirmière, était venue le placer chez la Loiseau. Seulement, elle ne s’en était plus occupée, elle le croyait mort, emporté avec tant d’autres. Et, lorsqu’elle entendit parler du hameau de Saint-Pierre, du charron Montoir, de cet Alexandre-Honoré, âgé de quinze ans, qui devait se trouver là, comme apprenti, elle parut très surprise.

« Oh ! monsieur, vous devez vous tromper. Je connais bien Montoir, à Saint-Pierre. En effet, il a chez lui un enfant de l’Administration, de l’âge que vous dites. Mais celui-là vient de chez la Cauchois, il s’agit d’un grand garçon roux nommé Richard, amené quelques jours avant l’autre. J’ai su qui était la mère, et tenez ! vous l’avez vue comme moi : c’est l’Anglaise, cette Amy qui se trouvait chez Mme Bourdieu, une habituée de la maison, où elle est revenue trois fois, à ce qu’on m’a raconté… Ce rougeaud-là n’est sûrement pas l’enfant de votre Norine. Alexandre-Honoré était brun.

— Alors, dit Mathieu, c’est qu’il y a un autre apprenti chez le charron. Mes renseignements sont précis, je les tiens de source officielle. »