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le voile, ravie de consommer le sacrifice de son corps dont le dégoût l’affolait, toute à l’exaltation mystique d’être stérile, sans sexe ni chair. Et, dans le grand hôtel vide, d’où le père, la mère, le frère, la sœur étaient partis, il ne restait que la douce et adorable Andrée, sous la menace des folies qui soufflaient là, au milieu d’une telle détresse, que l’oncle du Hordel, envahi d’une tendresse pitoyable, avait conçu la solide idée de lui donner Ambroise, le futur conquérant, pour mari.

Ce fut alors que la rentrée de Céleste dans la maison hâta ce projet de mariage. Huit ans déjà s’étaient écoulés, depuis que Valentine avait dû congédier la femme de chambre, enceinte une troisième fois, impuissante désormais à dissimuler sa taille épaissie. Et, pendant ces huit années, dégoûtée de servir, Céleste s’était essayée à des métiers louches, dont elle ne parlait pas : d’abord, vendeuse vague de layettes à bas prix pour les filles en couches, ce qui, en lui permettant de s’introduire chez les sages-femmes, la faisait la confidente, la commissionnaire, l’entremetteuse, parfois payée grassement ; puis, d’une façon plus directe, employée à tout faire d’une maison close, de compagnie avec la Couteau, qui amenait de Normandie, parmi ses lots de nourrices des paysannes jeunes, jolies et complaisantes. Mais, la maison ayant eu des malheurs, Céleste avait disparu, après s’être sauvée d’une descente de police, en sautant par une fenêtre. Là, se creusait une lacune de dix-huit mois, comme si elle eût sombré dans une nuit totale. On la retrouvait enfin à Rougemont, son pays, malade, très misérable, allant en journée pour vivre, peu à peu rétablie, nippée, grâce à la protection du curé, que sa dévotion extrême avait conquis.

Et ce fut là qu’elle dut projeter sa rentrée chez les Séguin, tenue au courant de ce qui s’y passait par la Couteau, qui était restée en rapport avec Mme Menoux, la petite mercière voisine. Au lendemain de sa