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continuer vos recherches, tâchez de m’avoir des renseignements précis sur les habitudes et le caractère de cet enfant. Soyez prudent, n’est-ce pas ? Ne nommez personne… Merci déjà, merci de tout ce que vous faites pour moi ! »

Et elle s’en alla, sans autre explication, sans même dire à son mari ses projets, peut-être si confus encore, qu’elle les ignorait elle-même. Lui, sous cet écrasant mépris, s’était calmé. Pourquoi aurait-il gâté sa vie d’égoïste jouissance, en tenant tête à la folle qu’il avait désormais chez lui ? Il en était quitte pour prendre son chapeau et s’en aller dehors, à son plaisir coutumier. Aussi finit-il par hausser ses lourdes épaules.

« Après tout, qu’elle le ramasse, ce n’est pas moi qui aurait la bêtise… Obéissez-lui, mon cher, poursuivez vos recherches, contentez-la. Peut-être me fichera-t-elle la paix… Et j’en ai assez aujourd’hui, bonsoir ! je sors. »

La première pensée de Mathieu fut, pour se renseigner sur Rougemont de s’adresser à la Couteau, s’il la retrouvait. Elle était discrète par métier, il suffirait d’acheter son silence. Déjà le lendemain, il projetait d’aller aux nouvelles, rue de Miromesnil chez Mme Bourdieu, lorsque l’idée lui vint d’une autre piste, qui lui parut plus sûre. Après être longtemps resté sans voir les Séguin, à la suite de la cession totale de Chantebled, il venait de renouer avec eux, dans des circonstances particulières, et il avait eu la surprise de retrouver, près de Valentine, l’ancienne femme de chambre Céleste, autrefois congédiée, rentrée en grâce depuis quelques mois. Ses souvenirs s’éveillaient, il décida que par Céleste, il arriverait directement à la Couteau.

C’était toute une heureuse aventure que ce lien nouveau qui se nouait entre les Séguin et les Froment. Ambroise, le cadet des deux jumeaux, qui allait avoir vingt et un ans, était entré dès sa sortie du lycée, à dix-huit ans, chez un oncle de Séguin, Thomas du Hordel, un