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Ce fut le coup de massue. Beauchêne, exaspéré, serra les poings, leva les deux bras.

« Ah ! bien ! nous voilà propres !… Mais, tonnerre de Dieu ! qu’a-t-elle donc à m’embêter avec cet enfant ? Il n’est pas d’elle, qu’elle nous fiche la paix, à l’enfant et à moi ! Ça me regarde, les enfants que j’ai pu faire. Je vous demande un peu si c’est convenable, que ma femme vous fasse courir après eux. Et puis, quoi ? vous n’allez pas le lui amener, j’espère ? Qu’en ferions-nous, de ce petit paysan, qui a peut-être tous les vices ? Le voyez-vous entre nous deux… Je vous dis qu’elle est folle, folle, folle ! »

Il s’était mis à marcher rageusement. Tout d’un coup, il s’arrêta.

« Mon cher, vous allez me faire un plaisir, c’est de lui dire qu’il est mort. » Mais il devint pâle, il recula. Constance, sur le seuil de la porte, venait d’entendre. Depuis quelque temps, elle rôdait ainsi par les bureaux de l’usine, sans bruit, apparaissant partout à la fois, comme si elle eût voulu exercer une surveillance. Un instant, devant l’embarras des deux hommes, elle resta silencieuse. Ensuite, sans même s’adresser à son mari, elle demanda simplement :

« Il vit, n’est-ce pas ? »

Mathieu ne pouvait que dire la vérité. Il répondit d’un signe affirmatif. Et Beauchêne, désespéré, tenta un dernier effort.

« Voyons, ma chère amie, sois raisonnable. Je le disais à l’instant, nous ne savons même pas ce qu’il vaut, ce petit. Tu ne vas pas troubler notre vie à plaisir. »

Sèche et froide, elle le regardait d’un air dur. Elle lui tourna le dos, elle exigea le nom de l’enfant, les noms du charron et du hameau.

« Bon ! vous dites Alexandre-Honoré, chez le charron Montoir, à Saint-Pierre, près de Rougemont, dans le Calvados… Eh ! bien, mon ami, rendez-moi le service de