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catastrophes. Mais, puisque l’enfant vivait, et qu’il savait maintenant où le chercher, il fut pris d’un scrupule, il sentit la nécessité de prévenir Beauchêne, avant de pousser son enquête plus loin. Cela devenait grave, il ne croyait plus pouvoir agir sans l’autorisation du père.

Immédiatement, avant de rentrer à Chantebled, Mathieu se rendit a l’usine, où il eut la chance de rencontrer le patron, qu’une absence de Blaise clouait à son bureau. Aussi l’y trouva-t-il très maussade, bâillant, soufflant, à moitié endormi. Trois heures sonnaient, et il ne digérait plus, disait-il, lorsqu’il ne sortait pas après son déjeuner. La vérité était que, depuis sa rupture avec sa femme, il donnait ses après-midi entiers à une fille de brasserie qu’il venait de mettre dans ses meubles.

« Ah ! mon bon ami, soupira-t-il en s’étirant, j’ai décidément le sang qui s’épaissit. Il faut que je me remue. Sans ça, j’y laisserai la peau. »

Mais il se réveilla, quand Mathieu, très nettement, lui eut expliqué le motif de sa visite. D’abord, il ne comprit pas, tant l’histoire lui paraissait extraordinaire, imbécile.

« Quoi ? qu’est-ce que vous dites ? C’est ma femme qui vous a parlé de cet enfant ? C’est elle qui a la belle idée de vouloir qu’on se renseigne, qu’on le cherche ? » Sa grosse figure congestionnée se décomposait, il bégayait, outré de colère. Et, lorsqu’il sut la mission décisive dont elle avait chargé le cousin, il éclata.

« Elle est folle ! je vous dis qu’elle est folle furieuse ! A-t-on jamais vu des imaginations pareilles ? Chaque matin, c’est une nouvelle invention, une torture, pour me faire perdre la tête. »

Tranquillement, Mathieu finit par conclure.

« Je reviens donc des Enfants-Assistés, où j’ai su que l’enfant vivait. J’ai l’adresse… Maintenant, que dois-je faire ? »