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cœur. Voulez-vous me rendre un grand service ? Faites l’enquête dont vous m’avez parlé, tâchez de me savoir s’il est vivant ou s’il est mort… Quand je saurai, il me semble que la paix me reviendra. »

Surpris, Mathieu fut sur le point de répondre que cet enfant retrouvé ne lui donnerait pas l’enfant qu’elle se désespérait de plus pouvoir faire. Il avait bien deviné l’angoisse où elle agonisait en voyant Blaise prendre à l’usine la place de Maurice, surtout depuis que Beauchêne, retournant à son vice, se déchargeait sur lui de la maison, lui abandonnait chaque jour une autorité plus large. Le jeune ménage fructifiait, Charlotte venait d’accoucher encore, cette fois d’un garçon, et quel nouveau foyer de fécondité envahissante, quelle menace d’usurpation prochaine, maintenant qu’elle-même, stérile, n’aurait jamais plus d’héritier légitime, le dauphin tant caressé, pour barrer la route à la conquête étrangère ! Sans pénétrer le singulier sentiment auquel elle cédait, il pensa qu’elle désirait le sonder simplement, voir s’il n’était pas derrière son fils Blaise, à mener le complot de spoliation. Peut-être allait-il s’inquiéter, refuser de faire toutes recherches. Et cela le décida, dans sa croyance aux seules forces vivantes, en dehors des bas calculs ambitieux.

« Je suis à votre disposition, ma cousine. Il suffit que vous attendiez d’une telle enquête un peu de soulagement. Et, si cet enfant vit, faudra-t-il vous l’amener ?

— Oh ! non, oh ! non, je ne demande pas cela ! »

Puis, d’une voix bégayante, avec un geste égaré :

« Je ne sais pas ce que je demande, je souffre à en mourir ! »

Elle ne mentait pas, elle n’avait aucun projet arrêté, sous la tempête qui la ravageait. Songeait-elle à cet héritier possible ? Irait-elle jamais, dans sa haine contre le