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promener de long en large, s’approcha de Boutan, pour lui dire, en haussant les épaules :

« Elles sont toutes pareilles, ça ne pouvait pas finir autrement.. J’ai eu tort de rester là, j’aurais dû filer, ne pas assister à la consultation… Enfin, vous reviendrez, mon pauvre docteur. Vous la verrez seule, ça vaudra mieux. » Puis, de son air d’homme heureux de vivre, qu’il avait déjà retrouvé :

« Elle est convaincue que c’est moi, l’impuissant, et elle vous appelle surtout pour que vous lui donniez raison. Je n’ai pas de méchanceté, je vous demande même de dire comme elle, si cela doit la calmer et ramener un peu la paix dans le ménage… Mais entre nous, et vous le savez mieux que moi, c’est elle qui est malade. »

C’était, en effet, l’opinion de Boutan. Il connaissait bien le cas, il le rencontrait constamment dans sa clientèle. Pourtant, il questionna Beauchêne, bien qu’il n’eût guère besoin des confidences du mari fraudeur. Les fraudes restaient les grandes désorganisatrices, même lorsqu’elles prenaient une sorte de caractère normal, dans les prudes alcôves bourgeoises. Par leur fréquence, par les secousses dont elles ébranlaient l’organisme, elles déterminaient les pires ravages, elles amenaient des occlusions chroniques. Le docteur en soupçonnait une, surtout depuis qu’il avait soigné Constance pour une inflammation locale. Et la stérilité devait en être l’inguérissable résultat.

« Je ne veux plus m’en mêler, vous prendrez un nouveau rendez-vous avec elle, répéta Beauchêne, en le reconduisant. Et guérissez-la, ça ne doit pas être impossible, car elle a raison de dire qu’elle est presque toute neuve, qu’elle n’a pas commis d’excès, elle. Vous le savez, d’ailleurs, je ne crois pas à votre théorie, qu’il faut faire toujours des enfants, pour en faire un quand on le veut… Si l’on ne triche pas, la vie n’est plus possible.