Page:Zola - Fécondité.djvu/503

Cette page n’a pas encore été corrigée

misérables qui ont fait de toi l’être dégradé, imbécile et impuissant que tu es devenu. »

Il l’interrompit d’un geste violent, la face cravachée par ce reproche d’impuissance, sur le point de soulager la répulsion que lui avaient toujours causée sa maigreur, sa peau sèche, son teint de plomb. Une telle femme, « cet os », si maladroite à l’amour, si froide, qu’elle ne s’était jamais réchauffée dans ses bras, sans un rire, sans un bonheur, avait-elle le droit de lui jeter tant de reproches au visage ?

« Eh bien ! bats-moi maintenant, s’écria-t-elle, ce sera le comble !… Et si ça ne se passait pas à ton idée, si tu désirais autre chose, pourquoi ne t’expliquais-tu pas ? Nous ne voulions pas d’enfant, nous étions bien forcés de prendre les précautions nécessaires. C’est toi, d’ailleurs, qui me les avais apprises, je n’ai jamais fait que ce que tu m’as dit de faire… Tu ne vas pas prétendre que tu voulais un enfant ?

— Non, et pourtant il y aurait encore beaucoup à dire là-dessus.

— Comment ! tu voulais un enfant ?

— Si je n’en voulais pas un, je n’étais pas, en tout cas, sans cesse en éveil, à surveiller les moindres caresses, à ne songer éperdument qu’aux suites possibles d’un oubli. Dans ces conditions, il vaut mieux se tourner le dos… Voyons, ma chère amie, rappelle-toi, de grâce ! Est-ce que, vingt fois, je ne me serais pas laissé aller, si tu ne m’avais pas retenu ? »

Cette dernière affirmation acheva de la rendre folle.

« Tu mens, tu mens encore !… Oh ! je comprends, tu veux faire croire que c’est moi la coupable, la seule coupable, si nous n’avons pas aujourd’hui un autre fils, qui prendrait la place vide de notre pauvre Maurice. Oui ! tu es assez lâche pour en jeter sur moi toute la responsabilité… Mon Dieu ! notre pauvre Maurice ! n’est-ce pas