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était mort, je crois qu’il me laisserait plus calme. Et grand Dieu ! je ne lui souhaite pourtant pas de mal ! »

Alors, Mathieu, qu’elle finissait par toucher beaucoup, lui dit la vérité toute simple.

« Puisque vous insistez, au nom de votre repos, puisque ceci doit rester entre nous, sans que votre ménage ait à en souffrir, je ne vois pas de mal à vous confier ce que je sais ; et, je le répète, ce que je sais est peu de chose… L’enfant a été mis, sous mes yeux, aux Enfants-Assistés. Depuis, la mère, n’en ayant jamais demandé, n’en a jamais eu de nouvelles. Je n’ai pas besoin d’ajouter que votre mari est également dans une ignorance profonde, car il a toujours refusé de s’occuper de cet enfant… Vit-il encore ? Où est-il ? C’est donc ce que je ne puis vous dire. Il faudrait faire toute une enquête. Cependant, si vous voulez mon opinion, il y a de grandes probabilités pour qu’il soit mort, tant la mortalité est grande sur ces pauvres petits êtres. »

Elle le regardait fixement.

« Vous me dites bien la vérité, vous ne me cachez rien ? »

Et, comme il protestait :

« Oui, oui, j’ai confiance en vous… Alors, il serait mort, c’est votre pensée ? Ah ! tous ces enfants qui meurent, quand il y a des femmes qui seraient si heureuses d’en sauver un, d’en avoir un à elles !… Enfin, si ce n’est pas une certitude, c’est tout de même un renseignement. Merci. »

Pendant les mois qui suivirent, Mathieu se retrouva plusieurs fois seul avec Constance ; mais elle ne revint jamais sur ce sujet. Elle semblait ignorer de nouveau, vouloir oublier, par un effort d’énergie. Pourtant, il la sentait hantée toujours, et il n’était point difficile de deviner que les rapports du ménage se gâtaient davantage, à mesure que les époux perdaient l’espoir d’avoir un enfant, cet espoir qui, seul, les avait rapprochés. S’ils gardaient