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dans son besoin insatiable de curiosités et de jouissances nouvelles.

Elle sentit sur elle le regard stupéfait de Mathieu, elle s’en amusa, elle poussa l’ironie perverse jusqu’à lui dire :

— N’est-ce pas ? mon ami, je vous le confiais tout à l’heure, je me console comme je peux, depuis mon veuvage, d’être condamnée maintenant à ne jamais avoir d’enfant.

Et, de nouveau, il sentit passer sur sa face cette flamme qui l’avait brûlé, comprenant bien ce qu’elle voulait dire, ce qu’elle lui promettait d’abominables voluptés infécondes. Ah ! pouvoir se donner sans frein, sans limite, à toute heure, pour l’unique plaisir ! Et elle-même eut un instant la douloureuse face embrasée d’une criminelle brûlée vive, car elle était le désir farouche et torturé qui se refuse à faire de la vie, et qui, toujours, finit par en souffrir affreusement.

Reine la regardait, dans une extase de petite femme, coquette déjà, que grisaient les flatteries d’une si belle dame. Toute vibrante de vanité satisfaite, elle se jeta entre ses bras.

— Oh ! madame, je vous aime bien !

Jusque sur le palier, les Morange accompagnèrent la baronne de Lowicz, que Reine suivait. Et ils ne trouvaient plus de remerciements assez chauds, pour dire leur bonheur de tout ce luxe, si convoité par eux, qui était ainsi venu chercher leur fille. Puis, la porte de l’appartement refermée, Valérie cria, en se précipitant sur le balcon :

— Nous allons les regarder partir.

Morange, qui ne songeait plus du tout à l’heure du bureau, vint s’accouder près d’elle, appela Mathieu, le força, lui aussi, à se pencher. En bas, stationnait une victoria, très correctement attelée, avec un cocher