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tait-ce Maurice lui-même, de moins en moins secondé par son père, en continuelle escapade, qui avait insisté pour que le jeune ménage habitât le pavillon, de manière à pouvoir disposer de son cousin à toute heure ; et la mère, prosternée devant son fils, n’avait pu qu’obéir respectueusement. Elle montrait une foi sans bornes dans l’extraordinaire ampleur de son intelligence. Il avait fini par faire d’assez bonnes études, un peu lourd, lent à comprendre, appliqué pourtant, malgré les continuels retards de ses maladies de jeunesse. Comme il parlait peu, elle le donnait pour un génie concentré, caché, dont les actes étonneraient. Il n’avait pas quinze ans, qu’elle disait de lui, dans son adoration : « Oh ! c’est un cerveau ! » Et Blaise n’était naturellement accepté par elle qu’à titre de lieutenant nécessaire, l’humble serviteur, la main qui exécuterait les ordres du maître sachant tout, voulant tout. Il était si fort maintenant, si beau, en train de relever la maison compromise par la lente déchéance du père, en marche pour la fortune prodigieuse, pour ce définitif triomphe du fils unique qu’elle rêvait, qu’elle préparait si orgueilleusement, si égoïstement, depuis tant d’années !

Alors, ce fut le coup de foudre. Blaise n’avait pas accepté sans hésitation de venir occuper le petit pavillon voisin, n’ignorant pas à quel rôle de rouage obéissant on entendait le réduire. Puis, après les couches de sa femme, devant ce premier enfant, une fillette, qui naissait, il s’était bravement décidé, acceptant la lutte ainsi que l’avait acceptée son père, autrefois dans la pensée de la nombreuse famille qui pouvait aussi lui venir. Et ce fut donc un matin, comme il montait prendre les ordres de Maurice, qu’il apprit de Constance elle-même qu’elle avait empêché son fils de se lever, en le trouvant brisé, après une mauvaise nuit. Elle ne se montrait d’ailleurs pas trop inquiète : ce devait être un peu de fatigue, les