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frais et jeune de bouquet, à ce point que Constance elle-même, séduite, avait bien voulu qu’elle logeât près d’elle. La vérité était que Mme Desvignes avait fait de ses deux filles, Charlotte et Marthe, deux adorables créatures. À la mort de son mari, un employé d’agent de change, qui la laissait à trente ans avec une fortune très compromise, elle avait eu la sagesse de réaliser ses maigres rentes, pour se retirer à Janville, son pays d’origine, où elle s’était entièrement consacrée à l’instruction de ses filles. Les sachant presque sans dot, elle les avait très bien élevées, en pensant que cela les aiderait à se marier, ce qui, par hasard, avait réussi. Une affectueuse liaison s’était nouée entre elle et les Froment, les enfants jouaient ensemble, le candide roman d’amour qui devait aboutir au mariage de Blaise et de Charlotte datait de ces premiers jeux ; et, lorsque celle-ci s’était mariée à dix-huit ans, sa sœur Marthe, qui en avait quatorze, avait fini par devenir l’inséparable de Rose Froment, de même âge, jolie comme elle, aussi brune qu’elle était blonde. Charlotte, d’une nature plus fine, plus faible aussi que sa cadette, de raison solide et gaie, s’était passionnée pour l’art de simple agrément que Mme Desvignes avait voulu lui donner, en lui faisant suivre un cours de dessin, si bien qu’elle en était venue à peindre très gentiment la miniature : une ressource en cas de catastrophe, disait la mère. Et, certainement, dans l’accueil sans rudesse de Constance, dont elle avait peint un médaillon ressemblant, mais flatté, entrait beaucoup de l’estime de la bourgeoise pour les belles éducations.

D’ailleurs, Blaise, qui tenait des Froment la flamme créatrice, le travail ardent, toujours en effort, était devenu très vite pour Maurice un aide précieux, dès qu’il s’était trouvé au courant des opérations de la maison, après un court passage dans le bureau de Morange. Aussi é