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Deux ans se passèrent. Et, pendant ces deux années, Mathieu et Marianne eurent un enfant encore, un garçon. Et, cette fois, en même temps que s’augmentait la famille, le domaine de Chantebled s’accrut aussi, de toutes les landes qui s’étendaient à l’est, jusqu’au village de Vieux-Bourg. Mais, dès lors, le dernier lot se trouvait acquis, la conquête du domaine était enfin complète, les cinq cents hectares de terres autrefois incultes, achetées par le père de Séguin, l’ancien fournisseur des armées, pour y installer une royale demeure. Maintenant, d’un bout à l’autre, ces terres devenaient fécondes, une fertilité formidable s’y était déclarée sous l’effort constant de l’homme ; et, seule, l’enclave appartenant aux Lepailleur, qu’ils s’entêtaient à ne pas vendre, coupait cette plaine verte d’une bande pierreuse désolée de sécheresse. C’était la conquête invincible de la vie, la fécondité s’élargissant au soleil, le travail créant toujours, sans relâche, au travers des obstacles et de la douleur, compensant les pertes, mettant à chaque heure dans les veines du monde plus d’énergie, plus de santé et plus de joie.

Blaise, qui avait maintenant une fillette de dix mois, habitait depuis le dernier hiver à l’usine, et il y occupait l’ancien petit pavillon où sa mère, autrefois, était accouchée de son frère Gervais. Charlotte, sa femme, avait ravi les Beauchêne par sa grâce blonde, son charme