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cette opérée, dans les annales, passait encore pour un des succès, un des miracles de Gaude, qui triomphait de cette ouvrière, mariée, honnête, sauvée d’une mort certaine, rendue plus saine, plus vigoureuse à son mari et à ses enfants ! Et comme Boutan avait raison de vouloir attendre, pour juger les vrais résultats de ces belles opérations victorieuses !

Cécile avait embrassé, de son air de vive tendresse, les trois enfants qui poussaient quand même, dans ce ménage rompu. Des larmes lui montaient aux yeux, elle se sauva, emmena Mathieu, quand Mme Joseph lui eut rendu le travail. Puis, en bas, sur le trottoir :

« Merci, monsieur Froment je vais rentrer à pied chez nous… Est-ce affreux ! Je vous disais bien que nous serons au paradis, dans la tranquille chambre dont vous avez la bonté de vous occuper. »

À l’usine, Mathieu, qui alla directement dans les ateliers, n’y obtint aucun renseignement précis sur sa batteuse, commandée depuis des mois. On lui dit que le fils du patron, M. Maurice, étant sorti pour affaires, personne ne pouvait lui répondre, d’autant plus que le patron lui-même n’avait point paru de la semaine. Enfin, il sut que ce dernier, rentré de voyage à l’instant, devait être en haut, avec madame. Il prit donc le parti de se présenter chez les Beauchêne, moins pour la batteuse que pour la solution d’une affaire qui lui tenait au cœur, l’entrée dans la maison de l’un de ses jumeaux, Blaise. Le grand garçon, âgé de dix-neuf ans, était sur le point, au lendemain de sa sortie du lycée, d’épouser une jeune fille sans fortune, Charlotte Desvignes, à la suite d’un roman d’amour qui durait depuis l’enfance. Ses parents, attendris, n’avaient pas voulu le désespérer, en retrouvant chez lui leur divine imprévoyance d’autrefois. Mais, pour qu’on pût le marier tout de suite, il fallait le caser d’abord. Et, pendant que Denis, l’autre jumeau, entrait