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Et toute sa joie des bons espoirs de Mme Bourdieu fut gâtée, elle s’en alla furieuse, honteuse, comme salie et menacée par ces abominations vagues qu’elle sentait depuis quelque temps autour d’elle, sans savoir d’où venait le petit froid dont elle frissonnait.

Mathieu, comprenant que ni Norine ni Cécile n’avaient reconnu Mme Beauchêne, sous sa voilette, continua tranquillement d’expliquer à la première qu’il allait s’occuper de lui avoir, à l’Assistance publique, un berceau, une layette, ainsi qu’un secours immédiat, puisqu’elle voulait bien garder son enfant et le nourrir. Ensuite, il lui obtiendrait une rente d’une trentaine de francs par mois, au moins pendant une année. Cela serait, pour les deux sœurs, d’une aide puissante, surtout au début de leur ménage à trois, dans la chambre dont la location venait d’être résolue. Quand il eut ajouté qu’il se chargeait de faire face aux premiers frais, pour le petit mobilier et l’installation, Norine voulut l’embrasser.

« Allez, c’est de bon cœur. Ça me remet un peu des autres, un homme comme vous… Tenez ! embrassez-le aussi, mon pauvre gamin, pour lui porter chance. »

Rue La Boétie, Mathieu, qui se rendait à l’usine Beauchêne eut l’idée de prendre une voiture et d’offrir à Cécile de la reconduire chez ses parents, puisqu’il allait dans son quartier. Mais elle lui expliqua qu’elle devait passer d’abord rue Caroline, chez sa sœur Euphrasie. Et, comme cette rue était voisine, il la fit monter quand même, en disant qu’il la mettrait à la porte de sa sœur. Dans le fiacre, elle était si saisie, si heureuse de voir enfin se réaliser son rêve, qu’elle ne savait comment le remercier. Elle en avait les yeux tout humides, riant et pleurant.

« Pourtant, monsieur, il ne faut pas me croire une mauvaise fille, si je montre une telle joie de partir de chez mes parents… Papa continue de travailler tant qu’il peut à