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Ce culte de Constance pour le fils, le héros de demain, grandissait surtout depuis que le père, chaque jour davantage, déclinait, tombait en elle au mépris et au dégoût. C’était une déchéance logique, qu’elle ne pouvait arrêter, dont elle-même, fatalement, précipitait les phases. Au début, quand elle avait fermé les yeux sur les premières infidélités, les nuits passées au-dehors, avec des filles, elle ne voulait faire que la part des appétits trop gros dont il la brisait, désireuse également d’éviter le plus possible la mauvaise chance de l’enfant. Cependant, elle l’avait longtemps subi par idée de devoir, pour le garder aussi, lui éviter les fautes irréparables, jusqu’au jour où le désaccord d’alcôve s’était fatalement produit, lui de plus en plus brutal, rapportant du dehors des exigences, elle révoltée à la fin, écœurée de ces choses qui la laissaient si froide, déjà souffrante d’ailleurs de son acharnement à frauder, les soirs de bons repas, de grogs et de cigares. Il avait quarante-deux ans, il buvait trop, mangeait trop, fumait trop. Il engraissait, devenait poussif, les lèvres molles, les paupières lourdes, ne se soignant plus comme autrefois, se débraillant, avec de grossières gaietés, des plaisanteries malsonnantes. Mais surtout il s’encanaillait dehors, allait à la basse débauche, qui l’avait toujours attiré, dans son besoin glouton de femmes faciles, se donnant toutes, et sans phrases. Aussi, maintenant qu’il était à peu près sevré chez lui, s’abandonnait-il aux pires aventures de la rue. Il disparaissait, découchait, mentait mal, ne prenait même pas la peine de mentir. Comment aurait-elle pu lutter, elle qui n’avait plus le courage que d’accepter de temps à autre l’abominable corvée, afin que leur rupture ne fût pas complète ? Elle se sentait impuissante, elle avait fini par le laisser entièrement libre, sans rien ignorer de cette vie d’immonde plaisir. Et le pis était, pour elle, que la désorganisation progressive de ce solide gaillard, la sorte de dégéné