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lui échappaient un peu, aux mains du père maintenant. Mais les cinq autres, de Rose avec ses onze ans, à Louise avec ses deux ans, en passant par Gervais, Claire et Grégoire, espacés de deux en deux années, l’entouraient toujours du même troupeau un nouveau venu y remplaçant chaque fois le petit qui s’envolait, dès qu’il se sentait des ailes. Et, cette fois, après ces deux années, ce fut encore d’une fille, Madeleine, que Marianne accoucha lorsqu’elle eut son neuvième enfant. Les couches furent belles mais elle avait eu, dix mois plus tôt, une fausse couche, à la suite de grandes fatigues. Aussi, quand Mathieu la revit debout et souriante, avec la chère petite Madeleine au sein, l’embrassa-t-il passionnément, triomphant une fois de plus, par-dessus tous les chagrins et toutes les douleurs. Encore un enfant, encore de la richesse et de la puissance, une force nouvelle lancée au travers du monde, un autre champ ensemencé pour demain.

Et c’était toujours la grande œuvre, la bonne œuvre, l’œuvre de fécondité qui s’élargissait par la terre et par la femme, victorieuses de la destruction, créant des subsistances à chaque enfant nouveau, aimant, voulant, luttant, travaillant dans la souffrance, allant sans cesse à plus de vie, à plus d’espoir.